Les actionnaires étrangers engagés dans le projet russe de gaz naturel liquéfié (GNL) Arctic LNG 2 ont suspendu leur participation suite aux sanctions imposées contre Moscou. Cette décision les conduit à se désengager de leurs obligations financières et des contrats d’approvisionnement en GNL, d’après les informations rapportées par le quotidien Kommersant.
Ce projet revêt une importance capitale pour la stratégie énergétique de la Russie qui vise à accroître sa part de marché dans le secteur mondial du GNL de 8% à 20% d’ici 2030. Toutefois, les sanctions récentes des États-Unis contre le projet Arctic LNG 2, dont la production était prévue pour la fin de l’année en cours ou début 2024, ont compliqué la situation.
Les sociétés internationales impliquées, dont le français TotalEnergies, les entreprises chinoises d’État CNOOC et China National Petroleum Corp (CNPC), ainsi qu’un consortium japonais comprenant Mitsui and Co et JOGMEC, chacune détenant 10% du projet, ont invoqué un cas de force majeure pour leur non-participation, se référant aux informations du Kommersant qui cite des sources gouvernementales russes.
Novatek, le principal producteur russe de GNL, contrôle 60% du projet mais n’a pas encore réagi publiquement à cette situation, de même que CNOOC, JOGMEC et Total. CNPC et Mitsui ont refusé de commenter.
La suspension de l’engagement des partenaires étrangers pourrait entraîner la perte de contrats d’approvisionnement à long terme pour Arctic LNG 2. Novatek pourrait être contraint de financer seul le projet et de vendre le gaz sur le marché spot, selon le quotidien. Les investissements de départ pour ce projet atteignaient 21 milliards de dollars, mais les levées de fonds ont été rendues difficiles par les sanctions occidentales.
Les sanctions ont également poussé Novatek à émettre des notifications de force majeure à certains de ses clients concernant les livraisons futures d’Arctic LNG 2, selon des sources industrielles citées par Reuters. L’Union européenne envisage également des restrictions sur les exportations de GNL russe. Toutefois, les entreprises chinoises CNPC et CNOOC auraient demandé des exemptions de sanctions au gouvernement américain pour le projet Arctic LNG 2.
La production du projet était planifiée pour débuter en 2024 avec les premiers chargements de méthaniers prévus pour le premier trimestre de la même année, selon Novatek. Cependant, des sources industrielles suggèrent maintenant que les livraisons commerciales de GNL pourraient être reportées au deuxième trimestre de 2024.
Un cas de force majeure est invoqué lorsqu’un fournisseur est incapable de respecter ses engagements de livraison pour des raisons indépendantes de sa volonté, et doit en informer ses clients tout en fournissant une explication.