Après une période marquée par des taux d’intérêt historiquement bas, suivie d’une correction brutale en 2022, les gérants de fonds obligataires ont des raisons de se réjouir. Ils voient désormais un regain d’intérêt pour leurs fonds, qui bénéficient de nouvelles injections d’investissement. “En ce moment, tous les voyants sont au vert pour les investisseurs en cash et en obligation,” analyse Vincent Juvyns de JP Morgan.
La situation est particulièrement avantageuse pour les gérants obligataires. En effet, prêter à l’État américain pour deux ans est désormais aussi rentable que l’indice Dow Jones depuis le début de l’année, avec un rendement annuel de 5%. Cette performance est le signe d’un placement sûr et attractif.
Sur les marchés financiers, investir dans la dette d’État ou d’entreprise et placer son argent en actions sont deux stratégies distinctes. Historiquement, la dette offre plus de garanties mais est censée être moins rémunératrice sur le long terme. L’écart entre ces deux stratégies s’était amplifié ces dix dernières années, avec des politiques monétaires qui ont mené les taux d’intérêt très proches de zéro, voire négatifs, dans certains cas en Europe.
Les taux ultra bas ont aussi restreint les gains possibles sur le marché secondaire des obligations, car quand les taux d’intérêt baissent, le prix des obligations monte, réduisant ainsi le potentiel de plus-value. La remontée brutale des taux en 2022 a entraîné des pertes significatives pour la valeur des obligations. Cependant, après cette correction, les fonds obligataires ont regagné en popularité.
En effet, en Europe, le mois de septembre a marqué le onzième mois consécutif où les investissements dans les fonds obligataires ont surpassé les retraits, selon Morningstar. “On ressent une vraie appétence, des entreprises aux particuliers,” remarque Aurélien Buffault de Delubac AM, soulignant le développement de nouveaux produits comme les fonds à échéance et les ETF obligataires.
Enfin, alors que le marché obligataire semble séduire de plus en plus, avec notamment des taux d’intérêt sur le segment “high yield” attractifs, les acteurs du marché restent prudents. Ils anticipent une hausse des taux de défaut en 2024, en particulier aux États-Unis et en Europe, face à la dégradation économique.