L’augmentation des taux d’intérêt initiée par les banques centrales en début d’année dernière a des effets positifs sur les banques européennes. En effet, certains établissements financiers tirent davantage profit de cette hausse que d’autres.
C’est le cas du géant bancaire britannique HSBC, qui a enregistré un bénéfice net de 5,6 milliards de dollars entre juillet et septembre, une performance stimulée par “l’impact positif de taux d’intérêts élevés”.
L’espagnol Santander a également réalisé un bénéfice record au troisième trimestre s’élevant à 2,9 milliards d’euros, encore une fois grâce à “la hausse des taux d’intérêts” bénéfique pour ses marges.
Les banques espagnoles BBVA, et les géants italiens Intesa Sanpaolo et Unicredit ont également vu leurs bénéfices nets augmenter sur un an, atteignant respectivement 1,9 milliard et 2,3 milliards d’euros. Ces banques tirent pleinement avantage de leur portefeuille de crédits à taux variables, qui deviennent plus rentables lorsque les taux d’intérêt augmentent.
En revanche, les banques françaises, qui proposent principalement des crédits à taux fixe, ne peuvent pas répercuter aussi rapidement la hausse des taux à tous leurs clients, ce qui peut affecter leurs marges. Cependant, avec le renouvellement progressif de leur stock de crédits, elles commencent à générer plus de revenus.
En France, les banques peuvent compter sur leur modèle de banque universelle, qui se caractérise par une diversité de métiers et de zones géographiques. BNP Paribas et Crédit Agricole ont notamment bénéficié de leurs activités mondiales au troisième trimestre, réalisées principalement auprès de grandes entreprises par le biais de leurs branches de Banque de Financement et d’Investissement (BFI), affichant des bénéfices nets de 2,66 milliards d’euros et 2,38 milliards d’euros respectivement.
Selon Eurogroup consulting, les BFI européennes ont vu leur produit net bancaire (PNB) augmenter de 12% sur un an au troisième trimestre, soit deux fois plus que leurs homologues américaines.
Certains établissements financiers se trouvent cependant mal positionnés face à la nouvelle situation économique.** Par exemple, Société Générale a vu son résultat net divisé par cinq sur un an au troisième trimestre, à cause de “des éléments comptables exceptionnels” et de choix de couverture des taux mal avisés.
Au Royaume-Uni, Barclays a subi une baisse significative de ses bénéfices, tandis que Standard Chartered est passée dans le rouge, principalement en raison de dépréciations en Chine.
Aux États-Unis, les résultats sont variables. Goldman Sachs et Morgan Stanley ont enregistré des baisses de leurs bénéfices nets, tandis que Citigroup a mieux résisté avec une légère hausse. Malgré cela, l’augmentation des taux est considérée globalement comme “un facteur très positif pour le secteur”, selon Simon Outin, analyste chez Allianz Global Investors. Pour 2023, il prévoit que “la profitabilité des banques est dans une autre dimension”, avec une augmentation de bénéfices quasi-automatique de 20 à 30%.
Les banques bénéficient également de la faible rémunération des dépôts à vue, une source de revenus importante puisque ces dépôts représentent environ deux tiers de la base des dépôts en zone euro.
Malgré des taux directeurs de la Banque centrale européenne (BCE) historiquement élevés, les banques continuent de verser peu d’intérêts, voire aucun, sur ces comptes. En France, le taux moyen des dépôts à vue était de 0,05% pour les ménages en septembre, alors que le principal taux directeur de la BCE est à 4%.